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Baron Noir Saison 1 sur Canal+, enfin un « House of Cards » à la française

Baron Noir Saison 1 sur Canal+, enfin un « House of Cards » à la française

Baron Noir Saison 1 sur Canal+, enfin un « House of Cards » à la française
Depuis le 8 février, Canal+ diffuse chaque lundi deux épisodes de sa nouvelle création originale, la série politique Baron Noir. Porté par Kad Merad dans le rôle principal, ce nouveau feuilleton se veut être un thriller détonnant sur les coulisses du pouvoir et des partis politiques. Complots, trahisons, ambitions, les différentes bandes annonces nous mettent l’eau à la bouche. Alors qu’aux Etats Unis, ce thème cartonne en fiction, ici, la mayonnaise prend-t-elle réellement ? Critique sans spoilers de la première saison de Baron Noir.
 
 
Une marche vers le pouvoir semée d’embûches
 
La série raconte l’histoire de Philippe Rickwaert député-maire socialiste de Dunkerque. L’homme est également l’un des membres éminents de l’équipe de campagne de Francis Laugier, candidat socialiste à l’élection présidentielle. Ce dernier va gagner l’élection mais va trahir Philippe en ne le nommant pas ministre comme promis. Dans le même temps une nouvelle conseillère en communication, Amélie Dorendeu rejoint l’équipe élyséenne du nouveau Président de la République. Philippe va alors tout faire pour se venger de Francis et conquérir le pouvoir à tous les niveaux.
 
Ce résumé de la série plante le décor : il s’agit d’une lutte sanglante pour le pouvoir dans laquelle tous les coups sont permis. A cela s’ajoute un parfum de scandale avec des financements de campagnes occultes et des magouilles entre citoyens, patrons, syndicats et politiques. Les scénaristes ont choisi le Parti Socialiste pour incarner les principaux protagonistes. Ce choix est assez judicieux car il permet de d’accroître l’opposition entre les valeurs éthiques et la corruption. Ainsi on verra de nombreuses fois des tensions entre le peuple ouvrier en souffrance du Nord avec les hommes politiques aux discours plein de promesses mais avides de pouvoir. Autre atout, la possibilité d’insérer des arcs narratifs autour de nombreux échelons électoraux et notamment l’ancrage local : la présidence de la République, les législatives, la direction du parti, etc…
 
Des dilemmes moraux et personnels jalonnent les huit épisodes de cette série. Ainsi Philippe doit parfois trahir certains de ses amis et s’allier avec des ennemis politiques pour parvenir à ses fins. Régulièrement des triangles amoureux et familiaux corsent les intrigues. Baron Noir montre la difficulté de la séparation de la vie privée avec la vie politique. Les scènes entre Philippe et sa fille, adolescente, sont particulièrement touchantes sur ce point.
Baron Noir Saison 1 sur Canal+, enfin un « House of Cards » à la française
La démonstration de la cruauté du monde politique sans pincettes
 
La difficulté principale de Baron Noir est la suivante : comment montrer les rouages des élections et de l’univers politico-médiatique sans ménagement ? En effet, depuis le succès de House of Cards, les téléspectateurs se sont découverts une passion pour la politique-spectacle et ses travers. Cet aspect est ici très réussi tant les personnages manient froideur calculatrice et chaleur humaine avec habilité. La bonne surprise de cette fiction est Kad Merad qui joue le rôle de Philippe. Lui qu’on connaissait surtout dans des comédies comme Bienvenue chez les Ch’tis, montre une facette de son jeu d’acteur totalement différente. Manipulateur, stratège, impitoyable, il ne recule devant rien. Il fait également plusieurs fois la démonstration de ses talents d’orateur. La meilleure scène est sans nul doute celle où il prononce un discours à l’Assemblée Nationale devant les députés pour défendre une réforme contestée. Le texte, très bien ciselé, rappelle certains des meilleurs homme politiques français.
 
La politique n’est évidemment rien sans les emballements de la machine médiatique. Baron Noir nous plonge en permanence là-dedans et nous rappelle qu’un politique même avec de bonnes idées, n’est rien sans une maîtrise parfaite de la communication. C’est là qu’excelle Anna Mouglalis, l’interprète du rôle d’Amélie, ambitieuse conseillère de Francis Laugier qui souhaite entrer dans les arcanes du parti. Son ton glacial et ses nombreux choix tactiques sans états d’âme font d’elle le personnage qu’on aime détester. Elle est l’archétype du politique qui sert ses intérêts avant ceux des citoyens. Quant à Francis Laugier, joué par Niels Arestrup il l’est tout autant, donnant à ses duels fratricides face à Philippe une certaine saveur.
 
Enfin, la série montre les dessous du militantisme politique notamment chez les jeunes. Ces derniers plein de rêves et d’idéaux se révéleront être de la chair à canon. Tractages, débats, manifestations dans les rues, ils jouent un rôle déterminant dans l’issue des différentes intrigues. Ils apprennent au cours de ces épisodes, la dure loi de la politique : ne jamais se fier à qui que ce soit.
 
 
Enfin une série politique française avec du panache
 
Pour conclure, on peut sans conteste affirmer que cette première saison de Baron Noir est réussie. Si House of Cards est la référence du genre, cette fiction a parfaitement su rentrer dans le moule sans la copier. Parfaitement adaptée à la politique française, Baron Noir en donne une image cruelle mais (hélas) réelle. Elle est si vraie qu’on a parfois l’impression de revivre certains scandales récents comme l’affaire Cahuzac ou Bygmalion. Une chose est sûre après avoir dévoré les huit épisodes de la série, on qu’une envie : redemander de la fiction politique.
 
 
Note Critik TV : 8,5/10
 
 
Baron Noir est diffusée sur Canal+ tous les lundis à 21h00 avec deux épisodes. Elle est également disponible en intégralité sur Canal+ à la demande.

Bande annonce de la saison 1 de Baron Noir sur Canal+